Le piège du revenu intermédiaire est un état de développement économique dans lequel le revenu et la croissance de la production économique d’un pays stagnent une fois que celui-ci est classé parmi les nations à revenu intermédiaire. La plupart des pays africains sont considérés comme des pays à revenu intermédiaire (allant du revenu intermédiaire inférieur au revenu intermédiaire supérieur), les estimations les plus récentes indiquant que 32 États africains affichent un revenu national brut par habitant compris entre 1 130 et 13 850 dollars.
Alors que les facteurs internes spécifiques à un pays, notamment son histoire, ses institutions et son cadre politique et réglementaire, auront une incidence directe sur ses chances d’échapper au piège du revenu intermédiaire, il existe un facteur exogène majeur auquel tous les pays devront faire face : les changements climatiques. Néanmoins, les efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre les changements climatiques pourraient également servir de catalyseur à l’ajustement structurel nécessaire pour échapper au piège du revenu intermédiaire. Cela suppose d’aller au-delà de la modernisation industrielle et des gains de productivité et d’élaborer une stratégie pour faire le grand saut vers de nouvelles industries. Les technologies vertes et les progrès dans l’agriculture pourraient être ces nouvelles industries.
Financer les besoins de l’Afrique en matière d’infrastructures tout en atténuant l’impact de celles-ci sur l’environnement et en améliorant la résilience de l’économie face aux chocs exogènes nécessitera des investissements qui vont bien au-delà des capacités des gouvernements. Le financement et le soutien du secteur public devront servir de levier pour attirer le secteur privé. À cette fin, il convient de mettre en place un cadre réglementaire sûr et complet, tout en réduisant les risques liés aux investissements dans les infrastructures et l’action climatique.
Pour échapper au piège du revenu intermédiaire, il faudra adopter une approche politique globale pour garantir non seulement que les économies se développent à un rythme adéquat et régulier, mais aussi que s’opère le changement structurel nécessaire. Tirer parti des efforts déployés à l’échelle mondiale pour atténuer les changements climatiques pourrait catapulter les économies africaines sur des trajectoires de développement plus robustes. Les investissements dans les infrastructures d’énergie propre et l’élargissement de l’accès à l’électricité qui en résultera seront essentiels pour soutenir les efforts d’industrialisation de l’Afrique et, par conséquent, joueront un rôle central dans la progression des pays africains vers le statut de pays à revenu élevé.
Les avancées technologiques, les innovations financières et l’action mondiale en faveur de l’atténuation des changements climatiques ont modifié le contexte dans lequel les pays à revenu intermédiaire aspirent au statut de pays à revenu élevé. Les institutions gouvernementales et les politiques publiques devront jouer un rôle central pour évoluer dans ce nouveau contexte, et en tirer parti. La mise en place d’instruments de gouvernance consacrés à une stratégie industrielle moderne et à la transition vers des économies vertes, numériques, circulaires et bleues permettra aux pays africains de mettre en œuvre des mécanismes institutionnels et de coordination de haut niveau qui renforceront leurs programmes de développement intersectoriels.
